Voici une démarche entrepreneuriale prudente et efficace qui évacue au maximum les risques d’échec et accroît les chances de succès.


L’entrepreneuriat est l’un des moyens par lesquels des individus peuvent s’accomplir et s’assurer une sécurité financière. Dans un monde où les Etats sont de moins en moins aptes à pourvoir des emplois, il est indispensable d’encourager les gens à créer leurs propres entreprises. Seulement, la création ou la reprise d’entreprise est un parcours risqué et parsemé d’embûche. Même si beaucoup de livres font écho des succès d’entrepreneurs ayant fait fortune, il ne faut pas oublier que plusieurs personnes ont ruiné leur vie et celle de leur famille en voulant se lancer en affaires. Je préconise donc, au travers de cette liste des 10 erreurs à éviter, une démarche entrepreneuriale prudente et efficace qui évacue au maximum les risques d’échec et accroît les chances de succès.

1. Les motivations de départ : ne crée pas ton entreprise sur de mauvaises motivations

Ta motivation de départ est fondamentale pour la réussite de ton projet. Fondé sur de bonnes motivations ton projet a des chances de réussir, car les bonnes motivations favorisent le développement d’une bonne attitude, créent un climat favorable et attire les ressources nécessaires au succès. Une bonne cause trouve toujours du soutien. Seulement plusieurs entrepreneurs sont mus par de mauvaises motivations : le désir de devenir riche et puissant, de rouler dans de grosses voitures, d’avoir toutes les « petites » du quartier, etc. Les motivations doivent être orientées vers la résolution d’un problème, l’amélioration des conditions de vie, la satisfaction d’un besoin, mettre fin à une « injustice » sur le marché (permettre aux pauvres d’avoir accès à des produits et services réservés aux riches). Orientée ainsi tu trouveras les mots justes pour construire ton offre commerciale et parler au cœur de tes clients. Tu pourras donc les fidéliser plus avec des arguments affectifs plutôt qu’avec des formules rationnelles.

2. Le choix du secteur d’activité : ne t’engage pas dans ce que tu ne connais pas

Il est toujours plus facile de vendre ce qu’on connaît. J’ai souvent vu des gens voulant se lancer dans un domaine qu’ils connaissent à peine. L’échec ne tardera pas. Il est par contre plus facile de se lancer dans un domaine dans lequel soit on possède une bonne expérience, soit on connaît des gens fortement expérimentés. Souviens-toi que pour t’assurer du succès tes premières prestations devront convaincre tes clients. Il faut donc mettre la barre de la qualité assez haute et ceci requiert que tu sois expert ou que tu connaisses des experts dans ce domaine. C’est vrai que la perfection vient avec la pratique mais vu que tes moyens sont limités il faudra très vite que tu fasses de tes premiers clients tes agents commerciaux.

3. Le choix de la forme juridique : pour un début fais simple

La forme juridique de départ doit être la plus simple possible. Je te conseille de commencer comme entrepreneur autonome, donc avec la forme juridique d’Etablissement. Ceci limite les coûts de formalités de création. Il ne sert à rien de faire appeler ton entreprise SA ou SARL alors que pour les trois premières années tu feras un chiffre d’affaire annuel d’à peine 30 millions. Avec le temps, comme l’entreprise grandira tu pourras passer d’ETS à SARL et plus tard à SA. Mais si tu veux soumissionner pour des marchés publics il faudra être au moins une SARL. Pour connaître les formalités et les coûts de création d’une entreprise, rends toi dans un centre de formalité de création des entreprises de ta Région (https://www.cfce.cm/) ou en ligne en consultant le site suivant  https://mybusiness.cm/ .

4. Le loyer et le mobilier : Évite les dépenses farfelues.

Sache qu’au sein des charges d’une entreprise, le loyer est l’un des plus contraignants. Tu ne souhaites certainement pas avoir des soucis avec ton bailleur. Si ton activité le permet, je te conseillerais de faire tes bureaux chez toi. Dans les premiers mois, il se pourrait que les recettes ne suivent pas et au lieu de financer un loyer de 100.000 FCFA, tu ferais mieux d’investir cela pour tes déplacements ou ton crédit de communication. N’essaie surtout pas de vouloir faire « bon paraitre ». Je connais un homme qui au lancement de son entreprise a pris un bureau haut standing au centre ville de Yaoundé, l’a équipé de mobiliers neufs mais un mois après se trouvait déjà dans des tensions de trésorerie et dans l’incapacité de satisfaire ses clients, parce que son installation avait consommé l’essentiel de son capital. On ne crée pas une entreprise pour recevoir ses copains et copines, mais pour faire de l’argent. L’essentiel des ressources financière de départ doit aller dans le fonds de roulement et non dans les immobilisations. Je ne suggère pas d’être négligent quant au standing qui d’ailleurs donne une idée sur le soin que tu accordes à ta clientèle. Mais on peut être propre et raffiné à moindre coût. Tu peux aussi rechercher une colocation ou négocier une incubation au sein d’une entreprise cliente ou partenaire (l’entreprise dispose un espace pour toi dans ses locaux avec la possibilité de faire des impressions, des photocopies, d’accès au téléphone fixe, à internet, etc).

5. Le capital de départ : évite le mauvais endettement

Je suis très attaché à l’idée de commencer sans endettement, surtout lorsqu’on évolue dans le secteur des services ou de l’intelligence. Dans ces secteurs, il est possible d’avoir ses bureaux à la maison ou dans son véhicule. Commencer sans endettement ou avec le strict minimum possible de dettes t’évitera le stress des appels de tes créanciers. Tu pourras alors investir toute ton énergie vitale au développement de ton entreprise et tes recettes financeront ta croissance. Toutefois s’il faut s’endetter pour commencer ton affaire, tu feras recours à la famille et aux amis, qui pourront te prêter de l’argent sans intérêts. Il faut savoir que la dette explique à plus de 80% la faillite des start-up car pour les trois premières années, les rentrées seront assez faibles pour booster la croissance. Ces rentrées devront financer le fond de roulement et non le remboursement d’une lourde dette qui ne s’épure jamais. Je ne te conseille surtout pas d’aller à la banque. Les amis peuvent comprendre que l’argent ne rentre pas suffisamment et prolonger leurs échéances. La banque ne comprendra pas ça et les intérêts s’accumuleront. Solde tes dettes antérieures avant de lancer ton entreprise ou bien fais un arrangement avec tes créanciers. Si tu bâtis ton entreprise sur l’autel des mécontentements de tes amis qui t’ont fais confiance, tu ne connaîtras pas de succès.

6. Les employés : pour un début ne fais pas de contrats de travail

Dans un début tu seras la pièce maîtresse de ton entreprise. Tu feras toi-même l’essentiel des tâches. Ceci est important pour mettre sur pied la culture de ton entreprise et les procédures. Il faut savoir que ces choses ne doivent pas attendre que l’entreprise soit grande pour être implémentées. Les mauvaises habitudes de départ deviennent une gangrène avec le temps. Il faut savoir que ton entreprise sera à ton image et à ta ressemblance. Mais, il est bon de créer une ambiance humaine au sein de ta jeune structure. Ceci t’offrira l’opportunité de développer tes capacités de meneur et de mettre sur pied un programme de formation interne pour tes collaborateurs. Au lieu d'embaucher uniquement les membres de ta famille, recrute les gens en suivant ces critères de Warren Buffet:"Quand vous cherchez des gens à recruter, vous devez rechercher trois qualités : l’intégrité, l’intelligence et l’énergie. et s’ils ne possèdent pas la première, les deux autres vous tueront." Vu ainsi, tu pourras prendre des stagiaires, des jeunes qui recherchent une expérience professionnelle pour leur CV. Seulement ne leur fais pas de contrats de travail avant un an, à la rigueur un contrat de stage-formation pour ceux qui ont plus de 30 ans avec plus de savoir-faire. Bref, rends toi au FNE (Fonds National de l'Emploi) et adhère au programme PED pour qu’il prenne en charge 50 % des frais de stage de ces jeunes. Pour en savoir davantage CLIQUE ICI .

7. Les charges de marketing et de communication : évite de trop dépenser pour la publicité

Les start-up vendent mieux par le bouche-à-oreilles que par les moyens formels de marketing. De nos jours, les réseaux sociaux donnent accès à une large clientèle. Au lieu de dépenser pour des spots publicitaires ou pour des insertions dans des magazines économiques (ce qui a un très faible retour sur investissement pour les start –up) il faut investir dans un marketing direct sur la base d’une banque de contacts développée à partir des annuaires téléphoniques, des répertoires d’entreprises des chambres de commerce ou des groupements patronaux. Tu mettras l’accent sur la prospection dans ton entourage proche (famille, amis, etc). De là doivent provenir tes premiers clients.

8. Ton train de vie : évite la boss attitude

La boss attitude c’est la pathologie de plusieurs jeunes entrepreneurs. C’est cette tendance à vouloir donner une image forte du nouveau patron qu’on est devenu, pour satisfaire aux représentations mentales de la famille, des amis et des anciens collègues. Plusieurs personnes qui se lancent en affaires font ainsi croître leur niveau de vie, au détriment de la croissance de l’entreprise. Vous verrez des jeunes promoteurs rouler dans des voitures dont le coût représente leur chiffre d’affaires annuel. Une autre ligne de dépenses folles des nouveaux patrons c’est les largesses aux femmes. Tu éviteras ce type de comportement et veillera à maintenir ton niveau de vie à la hauteur d’un salaire raisonnable.

9. Les sollicitations familiales et des amis: ne fais pas le bon samaritain



Souviens-toi que tu es un homme d’affaires, pas un bon samaritain. D’ailleurs le récit du bon samaritain dans la Bible est ponctuel. Si cet homme devait intervenir ainsi tout le temps, il finirait sa vie aussi pauvre que Lazare. Le statut de chef d’entreprise attirera à toi de nombreuses sollicitations de ta famille et de tes amis. Pour éviter toute dérive, tu devrais te fixer un salaire raisonnable. Ta générosité ne devrait surtout pas se faire financer par les comptes de l’entreprise et tu ne devrais pas être sensible à toutes les souffrances (Sauf si le Dieu te le demande expressément). 

10. Ton développement personnel et le développement de ton entreprise : Travaille sur ton développement personnel en priorité et sur (pas dans) ton entreprise

Ton développement personnel doit être ta priorité. En réalité tu ne peux pas faire grandir ton entreprise alors que toi-même tu ne grandis pas. Ton parcours entrepreneurial doit booster ta croissance sur les plans spirituel, émotionnel, relationnel, technique, du management et du leadership. L’entreprise doit investir pour ta formation en finançant ta participation aux séminaires de formation et à tout autre événement d’affaires. Il faut mettre un accent sur le développement de ton coté relationnel. Ton entreprise t’offrira l’opportunité de nouer des relations avec des gens que tu n’aurais jamais rencontrés ordinairement. Participe à des soirées de réseautage, à des dîners d’affaires, à des conférences, etc. Ouvre-toi au monde des affaires. Malheureusement plusieurs personnes créent leurs entreprises et demeurent aussi pauvres sur le plan relationnel et social qu’ils ne l’étaient avant.

Après ton développement personnel tu dois travailler sur ton entreprise. Veille à regarder ton entreprise avec respect et considération, car c’est elle qui te conduira là ou tu veux aller. J’ai remarqué que beaucoup de dirigeants de PME ont une très faible opinion de leur entreprise et ceci peut se voir sur l’investissement intellectuel qu’ils consentent pour la croissance de leur entreprise. Beaucoup sont de simples commerçants qui à la fin de la journée regardent dans la caisse ce que l’entreprise leur a rapporté. Ils ne sont pas soucieux de ce qu’ils ont donné de plus à l’entreprise. Définis une vision à long terme, construis ton modèle économique, travaille sur le raffinement de tes procédures, améliore ta compréhension stratégique du marché sur lequel tu évolues, réfléchis continuellement sur les innovations que tu peux apporter sur ce marché, documente-toi, inscris toi sur des revues. Fais de ton entreprise un centre de recherche plutôt qu’une simple boutique.Au delà de tout ce qui a été évoqué, soulignons qu'il faut éviter de faire du faux ou usage de faux quelque soit les circonstances.Tôt ou tard on finit toujours par payer le prix fort. Jésus ne dit-il pas qu’il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu ?
Nul n'a le monopole du savoir, alors si vous avez d'autres erreurs à éviter, partagez avec nous en faisant un commentaire ci-dessous.


 Lire aussi - LES CLÉS DE LA RÉUSSITE EN AFFAIRES

                  - LES AVANTAGES LIES A L'ARTICLE 105 DU CGI

                  - ECONOMISEZ EN ADHÉRANT AU CGA

                   - 24 BONNES RAISONS D'ENTREPRENDRE ET INVESTIR AU CAMEROUN